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Alet dans l’Antiquité tardive : une proposition de restitution de la zone portuaire

Dans un article à paraître dans l’AMARAI, nous présentons les résultats d’une série de prospections menées sur l’estran au sud de la péninsule d’Alet à Saint-Malo. Des structures composées de bois ont fait l’objet de datation C14 et deux voies du type à rainures ont été relevées dans les rochers de la Briantais. Ces dernières étant semblables aux voies antiques de Solidor situées à 1400 m plus au Nord, il était tentant de rechercher une connexion fonctionnelle entre ces deux ensembles. Au minimum, il fallait envisager que toutes ces voies aient servi à la même chose, c’est à dire à transporter de l’eau puisque chacune semble mener à une source, une fontaine ou une machine élévatrice d’eau (sur la machine élévatrice d’eau, voir Langouët et Meury, 1973).

Les voies de la Briantais à Saint-Servan

Si l’on considère qu’au centre de ce réseau se trouve un bassin particulièrement profond appelé “rade des Ottiers” ou “rade de la Fosse” sur les cartes du XVIIe siècle, il devient possible de postuler que c’est à cet endroit que devaient mouiller les navires, dans un contexte de niveau marin sensiblement plus bas. Si un site d’échouage du Haut-Empire à bien été identifié par les chercheurs du côté du marégraphe (rappelons qu’un cordon d’alluvions devait enclore les anses depuis Alet jusqu’à la Briantais ; voir à ce sujet et sur le reste la synthèse produite sur la cité d’Alet : Langouët, 1996 ), la période de l’Antiquité tardive apparait plus incertaine et aucun vestige matériel ne permet de situer l’emplacement du port, alors même qu’Alet devient dans la deuxième moitié du IVe siècle le siège d’une garnison de Martenses placés sous le commandement d’un praefectus militum. Il est à peu près certain que ces soldats chargés de lutter contre les pirates saxons devaient disposer de navires, et que ces navires devaient être prêts à appareiller rapidement, donc au mouillage.

Vue du site à marée basse et représentation des “niveaux de preuve”

Sur ces bases, nous avons modifié le modèle d’Alet de 2016, qui présentait le site après la rupture du cordon alluvionaire, en restituant une zone de mouillage correspondant à la rade des Ottiers, bien abritée derrière le banc de sable s’étirant depuis la pointe de la Briantais jusqu’aux abords du rocher de Bizeux.

Restitution du mouillage des Ottiers dans l’Antiquité tardive

Nous avons également figuré un axe de circulation entre les rochers de Solidor et ceux de la Briantais compte tenu de certains indices, notamment bathymétriques, qui semblent en conserver les traces (en 2020, le SHOM a publié le MNT topo-bathymétrique côtier du port de Saint-Malo).

L’objet de ce travail est donc de présenter une proposition intégrant les dernières découvertes en les accompagnant d’une représentation des niveaux de preuve. Au terme de cet exercice de reconstruction 3D, il importe de rappeler que le dossier des installations portuaires antiques d’Alet doit être approfondi à l’aune de recherches nécessairement pluridisciplinaires que rendrait sûrement fructueuses une collaboration entre archéologues et spécialistes de géomorphologie marine.

l’article publié dans AMARAI a été écrit avec Fabien Colléoni, maître de conférences à Rennes 2 et membre de l’UMR 6566 CReAAH

Biblio :

LANGOUËT L., 1996 – La Cité d’Alet. De l’agglomération gauloise à l’île de Saint-Malo. Les Dossiers du Centre Régional d’Archéologie d’Alet, Suppl. n° S.
LANGOUËT L., MEURY J.-L., 1973 – La machinerie en bois du Haut-Empire retrouvée à Alet, Annales de Bretagne, 80-1., p. 163-184.

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